Malgré les avancées en faveur d’une égalité des droits homosexuels, une hausse inquiétante des actes homophobes a été recensée ces dernières années. Il s’agit d’une « homophobie décomplexée », qui s’est libérée, notamment avec les débats sur le mariage pour tous. Cette homophobie est ancrée dans les codes de la société et se manifeste bien souvent de façon subtile. Pour répondre à ce problème, l’association SOS homophobie a mis en place des interventions au sein des établissements scolaires. Dans un souci d’efficacité, elle a décidé de compléter ses interventions par la création d’outils pédagogiques qu’elle ne disposait pas encore. Ces outils ont pour objectif de sensibiliser les jeunes à la question de l’homophobie et de déconstruire les préjugés afin d’effectuer une prise de conscience de ses conséquences. Le kit contient un livret pour les intervenants, un autre pour les élèves mais aussi des outils permettant l’interactivité. La communication cible les collégiens des classes de 4ème et 3ème (13-15 ans).
Au sein de mes recherches pour mon projet de fin d’année, j’ai décidé de questionner la notion de norme. En effet, celle-ci est destinée à assurer un bon fonctionnement de façon générale, tout comme elle le fait dans la société. Je me suis demandé s’il était possible de créer de la diversité à partir de la norme. Il est important pour moi de faire comprendre que la norme évolue, qu’elle n’est pas rigide, mais qu’elle peut être modulable. Mon choix s’est orienté vers la norme DIN, qui est l’essence même d’un grand nombre de règles actuelles employées dans l’industrie graphique. J’ai donc repris les bases de la construction de la police de caractères DIN pour en faire émerger d’autres typographies. Ces dernières ont été élaborées par un système qui consiste à diviser la grille d’origine pour obtenir des variations. Bien plus que pour la forme, c’est aussi l’usage de la transparence à laquelle j’ai été sensible. Cette transparence permet d’obtenir un dynamisme, mais aussi d’apporter un questionnement sur la composition de la lettre. Il est possible de constituer à l’infini des variations.
Trois alphabets ont été réalisés pour le projet : la Square font, la Curve font et l’Angular font. La typographie est un élément à part entière dans l’identité du kit, tout comme le motif utilisé sur les supports de communications. Les différentes formes du motif ont été extraites de la grille de la DIN. L’utilisation de la transparence et du dégradé permet une porosité entre les formes. De plus, pour chaque support, le motif est découpé. Ce qui permet d’obtenir – encore une fois – de la diversité à partir d’un élément établi.
À travers les outils mis en place, il m’a semblé important de pouvoir montrer, au cours de ces interventions, ce qu’est l’homophobie ordinaire afin d’effectuer une prise de conscience. Celle qui nous entoure tous les jours, à laquelle plus personne ne prête attention : les stéréotypes mais aussi l’injure homophobe. En effet, même si l’injure prend consistance par l’oralité, on peut la retrouver sous forme écrite. J’ai alors recueilli, par le biais de la photographie, des graffitis, des actes de dégradation à caractère homophobe, dans trois villes : Chaumont, Rouen (France) et Arlon (Belgique). Associées au vandalisme, ces inscriptions sont bien souvent réalisées par de jeunes gens, à proximité d’établissements scolaires.